L'énoncé
Sujet proposé : Avons-nous le devoir de chercher la vérité ?
Question 1
Comme pour tout sujet de philosophie, il est conseillé de proposer une analyse descriptive de la question. Il faut pouvoir assumer l'absence de fil conducteur pour ce premier travail. Essaye donc de décrire le plus précisément possible le sujet, afin de proposer une reformulation de la question.
Avons-nous le devoir de chercher la vérité ? Cette question met en relation deux notions fondamentales du programme : le devoir et la vérité. S'il faut chercher la vérité, c'est que celle-ci n'est pas donnée et donc qu'elle n'est pas de l'ordre de l'évidence immédiate. La question demande si cette recherche de la vérité peut faire l'objet d'un devoir, ce qui impliquerait une dimension morale dans la recherche de la vérité ; et en ce sens, ne pas rechercher la vérité serait une faute. Cette question s'adresse à « nous » tous : comme si la recherche de la vérité n'était pas l'objet de quelques uns, mais de tout le monde, moi compris. Il est donc question, ici, d'une obligation morale à laquelle tous les hommes seraient astreints ; cette obligation morale porte sur la recherche de la vérité comme activité.
Tu l’auras compris, il faut porter ton attention sur tous les détails de la question.
Ton objectif premier, ici, doit être de proposer diverses reformulations possibles du sujet pour pouvoir ensuite montrer quel problème philosophique est engagé par la question.
Question 2
Maintenant, demande-toi quelles difficultés présente la question elle-même. Il ne s'agit pas encore de cibler et de construire le problème philosophique, mais simplement de repérer en quoi le fait même de poser la question est ici paradoxal.
Cette question peut paraître un peu exagérée. La recherche de la vérité est bien une occupation proprement humaine, qui reflète une inquiétude fondamentale à propos de la nature du monde qui nous entoure, mais il semble possible de faire abstraction de cette recherche pour vaquer à des occupations qui intéressent plus particulièrement les hommes. Par exemple, la question politique semble être beaucoup plus urgente que celle-ci. En ce sens, faire de la recherche de la vérité un devoir moral, c'est peut-être accorder un peu trop d'importance à une vérité, qui peut-être, restera à jamais inaccessible. De plus, la notion de vérité est ici très large. On pourrait à juste titre se demander de quelle vérité il s'agit ici ?
Il faut réunir toutes les idées que nous nous faisons couramment de cette recherche de la vérité, et te demander, en outre, qui a cette recherche pour occupation principale.
N’hésite pas à être un peu « dur » avec la question. En commençant par critiquer la question, tu ouvres la voie à une véritable justification du sujet.
Question 3
Maintenant, il faut justifier la question. Dis-toi bien que si un professeur de philosophie te la pose, c'est parce qu'elle a du sens, et qu'elle est le reflet d'un problème philosophique qui, d'une manière ou d'une autre, présente une certaine urgence.
Mais dans tout ordre de recherche, qu'elle soit politique, morale, ou scientifique, c'est de la vérité dont il est question. Par exemple, le politicien honnête est préoccupé par la manière la plus juste de gouverner un État ; il cherche donc la vérité en cette matière. L'artiste, lui aussi, à sa manière, cherche la vérité : il veut exprimer une idée ou un sentiment qui ne soit pas faux, mais vrai et authentique. De manière générale, on pourrait donc penser que toute activité a son domaine de vérité propre. Parallèlement, il serait donc envisageable d'affirmer qu'exceller dans quelque matière que ce soit, c'est être au plus proche du vrai. La question de la vérité peut donc faire l'objet d'un devoir moral. Chacun devrait en ce sens s'astreindre à chercher la vérité pour offrir ce qu'il a de meilleur.
Essaie d'expliquer pourquoi il est légitime de se poser cette question.
Il s’agit de montrer en quoi ta critique du sujet (cf. question 2) est limitée. Il faut ici mettre en valeur la question.
Question 4
Enfin, il sagit de montrer quel problème philosophique est engagé par la question. Pour cela, je te rappelle qu'il faut remonter en amont de la question, et te demander en vertu de quelle inquiétude fondamentale cette question a été ici posée.
Reformulation de la question : La recherche de la vérité est-elle importante au point de faire l'objet d'un devoir moral ; refuser de la chercher, ou pire, tromper autrui, se tromper soi-même, est-ce là une faute morale ?
Le problème philosophique ici engagé concerne donc la question de la valeur de la vérité. Faut-il considérer que la vérité se place au delà (ou en deçà) de toute morale, ou possède-t-elle, à elle seule, une valeur morale ?
Ce problème ne doit pas être détaché de la question. Il doit bien mettre en valeur toutes les dimensions du sujet ci-dessus analysées.
Il faut donc faire ici un pas de plus. Considérer le sujet bien compris dans sa totalité, et identifier le problème qu’il soulève.
Il faut se concentrer sur la valeur à donner à la vérité. En particulier, la valeur morale.