Cours La poésie
Exercice d'application

Prendre un stylo et un brouillon et répondre aux questions suivantes.

1) Parmi les poèmes ci-dessous, lesquels relèvent de la poésie moderne ?

2) Identifie les marques de la poésie moderne pour ces poèmes.

3) Quels éléments te permettent de dire que les autres poèmes n’appartiennent pas au genre moderne ?

 

Poème 1

« La nuit
              S’achève
              Et Gui
              Poursuit
              Son rêve
              Où tout
              Est Lou
    On est en guerre
              Mais Gui
    N’y pense guère
              La nuit
S’étoile et la paille se dore
Il songe à Celle qu’il adore »

Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou, « La nuit »

 

Poème 2

« Le canapé de Paméla
Le Panapé de Caméla
Le Panala de Camépé

Est un beau canaquois
Est un nabeau est un naquois
Charmante Panapé
Charmante Paméla

Le charme de Paméla
Le charme du canapé
Il est passé par ici
Il repassera par là
C’est un nabeau c’est un naquois
Charmante Paméla
Délicieux canapé. »

Robert Desnos, Destinée arbitraire, « Le Canapé de Paméla »

 

Poème 3

« Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie. […] »

Gérard de Nerval, Les Chimères, « El desdichado »

 

Poème 4

« Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. 

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. »

Victor Hugo, Les Contemplations, « Demain, dès l'aube »

 

Poème 5

« Du vase en cristal de bohème
Du vase en cris
Du vase en cris
Du vase en
En cristal
Du vase en cristal de bohême
Bohême
Bohême
Bohême
Hême hême oui bohême
Du vase en cristal de Bo Bo
Du vase en cristal de bohême
Aux bulles qu'enfant tu soufflais
Tu soufflais
Tu soufflais
Flais
Flais
Tu soufflais
Qu'enfant tu soufflais
Du vase en cristal de bohême
Aux bulles qu'enfant tu soufflais
Tu soufflais
Tu soufflais
oui qu'enfant tu soufflais
C'est là c'est là tout le poème
Aube éphé
Aube éphé
Aube éphémère de reflets
Aube éphé
Aube éphé
Aube éphémère de reflets »

André Breton, Clair de terre, « Pièce fausse » 

1) Trois poèmes relèvent de la poésie moderne : « Le Canapé de Paméla », de Robert Desnos ; « La Nuit » de Guillaume Apollinaire et « Pièce fausse » d’André Breton.

 

2) Pour le poème d’Apollinaire, on retrouve les marques de la poésie moderne dans la forme du poème avec l’utilisation de vers libres et de brusques changements de rythme : « Mais Gui / N’y pense guère / La nuit / S’étoile et la paille se dore ». Cela se retrouve aussi dans les deux autres poèmes « Pièce fausse » et « Le Canapé de Paméla ». On peut ajouter que les auteurs de ces deux poèmes jouent sur les mots notamment en faisant des contrepèteries : « Le canapé de Paméla / Le Panapé de Caméla » et en inventant des mots : « canaquois » ; « nabeau » ; « naquois » tout en jouant sur la répétition de syllabes : « Tu soufflais / Flais / Flais » ; « Aube éphé / Aube éphé / Aube éphémère ». Ces effets de répétitions sont aussi utilisés sur des mots ou groupes de mots « Charmante Panapé/ Charmante Paméla » ; « Le charme de Paméla / Le charme du canapé », pour le poème de Desnos. Mais aussi pour le poème de Breton : « Du vase en cristal de Bo Bo / Du vase en cristal de bohême » ; « Tu soufflais / Tu soufflais ». Dans son poème, Breton s’amuse aussi à tronquer les mots : « cris » pour cristal, « Flais » pour soufflais ; « éphé » pour éphémère.

Ces poètes se servent de la langue comme un outil de création au fil de leur imagination. On peut ajouter qu’ils portent un regard neuf sur les objets du quotidien : un canapé ou un vase, par exemples, deviennent des sujets poétiques.

 

3) Les deux autres poèmes « El desdichado » et « Demain, dès l'aube » n’appartiennent pas au genre moderne, cela se remarque tout d’abord par le rythme musical de la versification : il sont écrits en alexandrins et utilisent un registre lyrique (avec le champs lexical de l’amour et de la mort) plutôt assimilé au mouvement romantique et donc à l’opposé de la poésie moderne.