L'énoncé
Cet exercice vise à apprendre à écrire un pamphlet. Pour chaque question, on essaiera de répondre de la manière la plus complète et argumentée possible.
Question 1
Définir le pamphlet.
Un pamphlet est un discours satirique dans lequel on défend une cause en se moquant ou en critiquant ses opposants. Le pamphlet défend donc une idée non en l'argumentant elle-même, mais en tentant de décrédibiliser l'adversaire.
Question 2
Expliquer ce qu'est le genre satirique.
Le registre satirique consiste à critiquer quelqu'un ou quelque chose en se moquant.
Question 3
Indiquer quatre éléments à utiliser dans la rédaction d'un pamphlet.
1. Le vocabulaire à connotation négative
Il s'agit principalement d'adjectifs, mais aussi de noms et de verbes, qui ont une signification sous-entendue négative.
Par exemple, pour dire "cheval", on peut dire "destrier" ou "canasson", mais "canasson" a une connotation négative, alors que "destrier" a une connotation positive.
Exemple : "infâme", "rétrograde", "s'égosiller", "un âne"...
2. Les questions rhétoriques et les interrogations oratoires
Les questions rhétoriques sont des questions auxquelles on ne répond pas, souvent parce que la réponse semble évidente.
Elles sont utilisées dans le discours soit pour souligner une évidence, soit pour obliger le public à douter de ce qui semble être une évidence, soit pour décrédibiliser l'adversaire en l'obligeant à être d'accord.
Exemple : "Vous soutenez la guerre pour défendre la paix. Mais la guerre n'a-t-elle pas tué beaucoup de nos enfants déjà ? Que deviendront nos terres quand elles seront gorgées du sang de ceux qui doivent la cultiver ?"
3. L'ironie
Il s'agit d'une manière de mettre en doute la vérité d'un jugement. Pour cela, il s'agit de défendre une chose absurde comme si elle était vraie pour en souligner l'absurdité.
Exemple : "Vous soutenez la guerre pour sauver la paix. Allons donc, prenons les armes. Egorgeant nos ennemis et pillant leurs chaumières, nous construirons la paix au bout des baïonnettes. Du sang naîtra l'esprit de pardon sur lequel reposera l'ordre nouveau."
4. Les accusations
Il s'agit de souligner la responsabilité de quelqu'un et de le blâmer pour des actes négatifs.
Exemple : "Par votre cynisme et votre froideur, vous allez faire sombrer le pays dans le chaos. Votre soif de sang est telle que la destruction de toute l'Europe ne suffirait à l'étancher."
Question 4
Vous êtes député à l'Assemblée nationale. Une proposition de loi propose la suppression de la peine de mort. Ecrire un pamphlet pour soutenir la proposition de loi et défendre l'abolition de la peine de mort.
On prendra soin d'utiliser au moins trois termes à connotations négatives (les surligner en vert), une accusation (la surligner en rose), une phrase ironique (la surligner en bleu) et une question rhétorique (la surligner en jaune).
Une barbarie légale
ll est à l'Assemblée nationale des barbares sanguinaires. Oui, chers concitoyens, il est parmi les hommes et les femmes qui vous représentent des hommes et des femmes pour qui la République doit être assassine. Ceux-là, je vous le dit, sont des despotes.
Ils nous disent qu'à crimes inhumains doit répondre le châtiment suprême, qui ne peut être que la mort. La mort du coupable, disent-ils, est le meilleur moyen de dissuader le reste de la population. Soit alors, dressons de nouveaux des bûchers sur les places publiques. Ils ont perpétré des crimes odieux ? Montrons à la population comment sera plus odieux le jugement des coupables. C'est cela que j'appelle barbarie : nous ne pouvons l'accepter de nos jours.
Non, mes chers concitoyens, la République ne peut plus accepter qu'en son nom le sang coule et des hommes soient tués. Quoi de plus scandaleux que la mise à mort d'un innocent ? Le plus grand drame de la peine de mort est d'être irréversible. L'erreur judiciaire existe, et la République doit le reconnaître. Imposer la peine de mort, c'est nier le droit à un homme de se défendre, c'est nier qu'une erreur puisse être commise et réparée par la République. Par là, ceux que vous avez élus démocratiquement se manifestent comme les plus grands dictateurs, car ils nient que leur pouvoir doit être limité par leur limite humaine qui permet l'erreur.
Certes, la reconnaissance d'une erreur judiciaire ne rendra jamais les années de liberté perdues par un innocent emprisonné à tort. Mais au moins, elle lui permettra de vivre libre ce qui lui reste à vivre. La peine de mort enlève tout recours. Elle enlève tout, tout court. C'est pourquoi, chers concitoyens, j'accuse devant vous, ceux qui défendent cette peine odieuse. Sanctionnez-les par vos votes, vous protégerez de nombreux innocents.