Exercice : Dissertation - Annale SES
Sujet : L’augmentation des facteurs travail et capital est-elle la seule source de croissance économique ?
DOCUMENT 1
Source : INSEE, 2014.
DOCUMENT 2 : Croissance du PIB et contributions en volume entre 1985 et 2011
Période |
Croissance annuelle moyenne en % et contribution en points* |
France |
Italie |
Japon |
Espagne |
Royaume Uni |
États-Unis |
1985- 2011 |
Productivité globale des facteurs |
0,9 |
0,4 |
1,2 |
0,3 |
0,9 |
1,0 |
Capital |
0,7 |
0,8 |
0,9 |
1,2 |
1,2 |
0,8 |
|
Travail |
0,2 |
0,2 |
-0,4 |
1,2 |
0,3 |
0,7 |
|
PIB |
1,9 |
1,4 |
1,7 |
2,8 |
2,5 |
2,6 |
|
1985- 1990 |
Productivité globale des facteurs |
1,7 |
1,4 |
3,1 |
0,7 |
0,4 |
0,7 |
Capital |
0,8 |
1,0 |
1,4 |
1,3 |
1,4 |
1,0 |
|
Travail |
0,8 |
0,7 |
0,3 |
2,5 |
1,5 |
1,5 |
|
PIB |
3,2 |
3,1 |
4,9 |
4,4 |
3,3 |
3,2 |
|
1990- 1995 |
Productivité globale des facteurs |
1,1 |
1,1 |
0,7 |
0,8 |
1,6 |
0,7 |
Capital |
0,7 |
0,8 |
1,3 |
1,0 |
1,2 |
0,8 |
|
Travail |
- 0,6 |
-0,6 |
-0,5 |
-0,3 |
-0,9 |
1,0 |
|
PIB |
1,2 |
1,3 |
1,4 |
1,5 |
1,9 |
2,5 |
|
1995- 2000 |
Productivité globale des facteurs |
1,3 |
0,2 |
0,7 |
-0,2 |
1,4 |
1,5 |
Capital |
0,9 |
0,9 |
1,0 |
1,3 |
1,4 |
1,2 |
|
Travail |
0,5 |
0,7 |
-0,9 |
3,0 |
0,7 |
1,5 |
|
PIB |
2,7 |
1,9 |
0,8 |
4,0 |
3,5 |
4,3 |
|
2000- 2005 |
Productivité globale des facteurs |
0,7 |
-0,4 |
1,0 |
-0,2 |
1,4 |
1,7 |
Capital |
0,7 |
0,8 |
0,6 |
1,3 |
1,1 |
0,7 |
|
Travail |
0,2 |
0,6 |
-0,5 |
2,2 |
0,5 |
-0,1 |
|
PIB |
1,6 |
1,0 |
1,2 |
3,2 |
2,9 |
2,4 |
|
2005- 2011 |
Productivité globale des facteurs |
0,1 |
-0,5 |
0,6 |
0,1 |
-0,5 |
0,7 |
Capital |
0,6 |
0,5 |
0,1 |
1,2 |
0,9 |
0,5 |
|
Travail |
0,2 |
-0,2 |
-0,5 |
-0,5 |
-0,1 |
-0,3 |
|
PIB |
0,9 |
-0,3 |
0,2 |
0,8 |
0,3 |
0,9 |
Source : OCDE, 2014.
* La somme des contributions peut ne pas correspondre exactement au taux de croissance du PIB en raison des arrondis.
DOCUMENT 3 : Dépenses intérieures de recherche et développement (DIRD) et PIB.
DIRD en milliards de dollars constants 2005 |
Croissance annuelle moyenne de la DIRD (en %) |
Croissance annuelle moyenne du PIB (en %) |
||
2001 |
2011 |
2001-2011 |
2001-2011 |
|
France |
38,5 |
44,1 |
1,24 |
1,10 |
Japon |
113,1 |
133,2 |
1,50 |
0,63 |
Corée du Sud |
22,6 |
55,4 |
8,49 |
4,12 |
Espagne |
9,6 |
16,8 |
5,21 |
1,72 |
Royaume Uni |
31,4 |
36,8 |
1,45 |
1,55 |
Etats-Unis |
307,8 |
382,5 |
1,99 |
1,60 |
Source : OCDE, 2012.
DOCUMENT 4 : Formation brute de capital fixe* en milliards de dollars constants 2005
Source : Banque Mondiale, 2014.
* La FBCF est une mesure de l’investissement au niveau national.
Mardi 16 janvier 2018, l’Institut National de Statistiques et d’Etudes Economiques (INSEE) publiait son traditionnel rapport sur le taux de natalité en France. Le quotidien Le Monde titre alors Natalité : vers la fin de l’exception française. Avec un taux de fécondité de 1,88 enfant par femme en âge de procréer, la natalité en France s’éloigne du seuil de renouvellement des générations égal à 2,1. Cela laisse craindre une baisse de la population, et donc économiquement une baisse potentiel de la population active, du facteur travail.
Les facteurs de production sont les ressources utilisées pour produire des biens et des services. Le facteur travail est l’ensemble de la main d’œuvre mobilisée pour produire un bien ou un service. Il est souvent comptabilisé en heure de travail. Ce facteur est très hétérogène puisque les connaissances et compétences influent sur la productivité. Le facteur capital est l’ensemble des ressources matérielles mobilisées pour produire un bien ou un service. Il se divise entre le capital circulant (= consommation intermédiaire) détruit ou transformé par le processus de production, et le capital fixe, qui subsiste au processus de production. Ensemble, il participe à la croissance économique, un processus d’augmentation relativement long et soutenu des richesses d’un pays. Généralement, on la calcule grâce aux variations du Produit Intérieur Brut (PIB).
Ainsi, si les facteurs de production sont essentiels à la croissance, en sont-ils le seul moteur ?
Dans une première partie, nous verrons que toute croissance passe par les facteurs de production, avant de montrer, dans une seconde partie, que cela nécessite une intervention extérieure.
A) Pas de croissance sans facteur de production
La production, donc la croissance, est le résultat de l’assemblage du facteur travail et du facteur capital. Sans au moins un de ces facteurs, dans la plupart des cas sans les deux facteurs de production, la production est impossible.
1. La croissance extensive
- Croissance extensive : augmentation de la production qui repose sur l’augmentation de la quantité des facteurs de production.
- Capital : doc. 2 : 2005-2011, Royaume Uni, augmentation de 0,9 pourcent du capital, et de 0,3 du PIB, donc croissance expliquée uniquement par l’augmentation du niveau de capital. Doc. 4 : Chine qui connaît la plus grande croissance des pays présentés est aussi celle dont la FBCF augmente le plus.
- Travail : doc. 1 : la croissance de la production suit la croissance dans la population active (avec une proportion différente).
- Limite : loi des rendements décroissants, la productivité de la dernière unité de production ajoutée (productivité marginale) est décroissante. Donc à terme, ce n’est pas rentable. Ex. : on exploite les bonnes terres avant les mauvaises. Donc plus on augmente les surfaces cultivées, plus le rendement baisse car on se met à exploiter des terres moins fertiles.
2. La croissance intensive
- Croissance intensive : augmentation de la production qui repose sur l’augmentation de la qualité des facteurs de production, grâce au progrès technique.
- Doc 1 : la production augmente beaucoup plus vite que le facteur travail. Donc il doit y avoir autre chose : doc. 2, productivité globale des facteurs, c’est-à-dire la production d’une unité d’un facteur de production, augmente et explique une partie de la croissance.
- Pour R. Solow, la croissance à long terme s’explique par le progrès technique, c’est-à-dire les améliorations qualitatives de la production, permises par l’innovation. Le progrès est exogène à la croissance, c’est-à-dire qu’il est pour lui « une manne tombée du ciel », un élément qui n’est pas lié à la croissance a priori.
Pourtant, le progrès technique ne semble pas être un facteur naturel, puisqu’il ne concerne pas toutes les économies, et ne les concernent pas dans une même proportion.
B) Les sources du progrès technique
1. La croissance endogène
- Le processus d’endogénéisation a été pour les théoriciens économiques une évolution de la pensée visant à chercher dans la croissance actuelle les sources de la croissance future, par le biais notamment du progrès technique. Le progrès technique « s’achète » grâce au supplément de bénéfices dégagés grâce à la croissance. (Doc. 3)
- Les profits monopolistiques sont les profits excédentaires que les entreprises innovantes dégagent grâce à la détention d’un monopole (grâce aux brevets) ou d’un pouvoir de marché (capacité d’influer sur le prix) dans le cadre d’une concurrence monopolistique (grâce à des produits plus innovants). Cela leur permet d’avoir des prix plus élevés et donc des marges plus grandes. (Doc. 3)
- Cet argent peut être dépensé en recherche et développement pour développer différentes choses : amélioration du capital humain (augmentation de la productivité du travail) et l’innovation technique (augmentation du capital travail). Ce peut aussi être des investissements dans le management et l’organisation pour augmenter l’efficience de la combinaison productive. Ex. : Taylorisme : la division du travail verticale (séparation conception / exécution) et horizontale (parcellisation de la production en tâches simples) permet une hyperspécialisation de chaque unité de facteur travail (chaque ouvrier) ce qui le rend plus efficient dans sa tâche. Fordisme : la chaîne de montage évite les déplacements des ouvriers et leur permet donc de se concentrer sur la production et la standardisation de la production évite les temps de transition que ce soit pour le facteur travail (temps d’adaptation des ouvriers) ou pour le facteur capital (nécessité de reconfigurer les machines, de réaménager l’atelier…)
2. L’action de la puissance publique
- L'Etat a intérêt à stimuler l’innovation notamment via la recherche fondamentale. Les entreprises cherchent la rentabilité la plus rapide donc font de la recherche pour le court terme. L'Etat à intérêt à faire de la recherche à plus long terme car l'innovation arrive en grappe (Schumpeter) : une découverte fondamentale va pouvoir trouver de multiples applications pratiques donc cela va entraîner beaucoup de croissance. Ex. : la découverte de l’informatique à aujourd’hui de multiples applications concrètes.
- L'Etat a un rôle important dans l’éducation, mais aussi dans l’investissement dans les services publics : cela rend plus efficient encore les combinaisons productives. Investissement sur l’avenir : objectif qu’en augmentant la production, il touche plus d’impôt demain.
Pour conclure, la croissance économique passe donc par le biais des facteurs de production. Si le nombre de ceux-ci augmente, la croissance augmente mécaniquement. Mais l’augmentation de l’efficience des combinaisons productives est aussi source de croissance, et la croissance est à ce titre influencée par des agents extérieurs, comme la puissance publique.