Exercice : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire - Annale Bac
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, montrez comment le progrès technique stimule la croissance économique.
Document 1 :
Un effet positif des gains de productivité est l'augmentation du pouvoir d'achat, résultant de la diminution des prix ou de la hausse des rémunérations : une heure de travail nous permet de produire davantage, donc de consommer plus. Mais les gains de productivité sont également utilisés pour réduire la durée du travail, ce qui veut dire que nous ne sommes pas seulement plus riches que nos ancêtres, mais nous travaillons moins. En France, la durée du travail a été divisée par deux environ depuis la fin du XIXe siècle et cet exemple n'est pas isolé ; si bien que le nombre total d'heures utilisées dans l'économie a baissé, presque continuellement, pendant plus d'un siècle.
Source : « Où en est le progrès technique ? », PARIENTY Arnaud, Alternatives
Document 2 : Contribution des facteurs de production à la croissance (taux de croissance annuels moyens en %)
1966-1970 |
1971-1980 |
1981-1990 |
1991-1995 |
1996-2008 |
|
États-Unis |
|||||
PIB |
3,4 |
3,2 |
3,1 |
2,4 |
2,8 |
Travail |
1,6 |
1,6 |
1,7 |
1,3 |
1,1 |
Capital |
0,6 |
0,5 |
0,3 |
0,2 |
0,5 |
Productivité globale des facteurs |
1,2 |
1,1 |
1,1 |
0,8 |
1,2 |
Union européenne à 15 |
|||||
PIB |
5,0 |
3,2 |
2,4 |
1,7 |
1,9 |
Travail |
- 0,7 |
- 0,6 |
0,1 |
- 0,7 |
0,9 |
Capital |
1,8 |
1,4 |
0,7 |
1,0 |
0,5 |
Productivité globale des facteurs |
3,8 |
2,4 |
1,5 |
1,4 |
0,5 |
Source : Eurostat, 2010.
Note : il est possible, au regard des arrondis, que la somme des contributions des facteurs ne soit pas égale au total.
Document 3
Le progrès technique apparaît comme un bien public(1) cumulatif. C’est un bien cumulatif dans la mesure où chaque découverte s’appuie sur d’autres découvertes faites dans le passé. Selon les mots de Newton : « Nous sommes des nains montés sur des épaules de géants » ; autrement dit, il suffit d’apporter une amélioration même très mineure à un résultat important pour obtenir un résultat plus fort encore. Les inventions les plus « simples » a priori, semblant se résumer à une idée, certes géniale, nécessitent la mobilisation de connaissances étendues et diversifiées. Ainsi, Gutenberg, pour réaliser le premier système d’imprimerie avec des caractères mobiles, a utilisé sa maîtrise de la métallurgie (la réalisation des fontes est difficile), de la mécanique (construction de la presse). Aucune invention ne sort du vide...
Source : Les nouvelles théories de la croissance, GUELLEC Dominique et RALLE Pierre, 2003.
(1) Un bien public est un bien dont l’utilisation est non rivale (la consommation du bien par un agent ne se fait pas au détriment de la quantité disponible pour les autres agents) et non exclusive (tout le monde peut en bénéficier). Exemples : l’éclairage public ou le phare.
Introduction :
Partout en Europe, la lutte contre le chômage est au cœur des politiques de tous les gouvernements. Pour lutter de manière communautaire contre ce fléau, plusieurs candidats aux élections primaires de 2016 et 2017, puis aux élections présidentielles de 2017 ont proposés la mise en place d’un grand plan d’investissement européen de plusieurs milliards d’euro pour favoriser la recherche et développement. Leur but est ainsi de doper la croissance économique en faisant de l’Europe la principale zone de progrès technique du monde.
L’analyse de la conséquence de la mise en place dans la production mais aussi sur le marché de nouveaux produits, de nouveaux procédés, de nouvelles formes d’organisation ou encore de nouveaux composants sur l’augmentation de la production nationale remonte à l’économiste Schumpeter. En effet, dans la perspective de son raisonnement, les trois grandes révolutions industrielles ont permis une croissance sans précédent de l’économie mondiale.
Ainsi, comment l’évolution de la production réagit-elle au progrès technique ?
Après avoir que les données empiriques montrent que le progrès technique à une place importante dans la croissance de la production, nous verrons que les modifications du marché dues au progrès technique sont favorables à la croissance. Enfin, nous étudierons le lien entre progrès technique et croissance endogène.
I. Une croissance actuelle largement due au progrès technique
La production à deux sources principales : travail et capital. Or, on observe que l’augmentation de celle-ci est toujours supérieure à l’augmentation de la quantité de ses deux facteurs. Exemples issus du doc. 2 : dans l’UE à 15 entre 1966 et 1970, on a une croissance de 5 % par an en moyenne, alors que celle des facteurs de production n’est que de 1,1 %. De même, exemple du doc.1 : division par deux du temps de travail depuis le XIXe siècle alors que croissance économique immense sur cette période.
Robert Solow a montré que ce « résidu » de croissance est dû au progrès technique. A sa suite, on a appelé ce « résidu » productivité globale des facteurs (PGF), car la production moyenne des facteurs augmente. Dans les économies occidentales contemporaines, on se rend compte que c’est souvent la principale source de croissance : on parle de croissance intensive. Exemple du doc. 2 : dans l’UE à 15, entre 1966 et 1970, 3,8 points de croissance sont expliqués par la PGF, soit près des 4/5. Pour Solow, ce résidu est dû au « progrès technique tombé du ciel ».
II. Une affectation du marché bénéfique à la croissance
Le progrès technique affecte tout d’abord l’offre. Progrès technique => « une heure de travail nous permet de produire davantage » (doc. 1) = hausse de la productivité des facteurs (innovation d’organisation pour le travail, innovation de procédés (de process) pour le capital) => baisse des coûts de production et/ou hausse de la production => « diminution des prix » (doc. 1) => augmentation de la demande => augmentation de la production = croissance économique.
Le progrès technique affecte aussi la demande. Progrès technique => « une heure de travail nous permet de produire davantage » (doc. 1) = hausse de la productivité des facteurs (innovation d’organisation pour le travail, innovation de procédés (de process) pour le capital) => « hausse des rémunérations » (doc. 1) => hausse du revenu disponible => hausse de la demande => augmentation de la production = croissance économique.
« Gains de productivité => baisse durée du travail » (doc. 1) => augmentation du temps libre => augmentation de la consommation de loisirs => augmentation de la demande => augmentation de la production = croissance économique.
Progrès technique => nouveaux produits => obsolescence des biens possédés => augmentation de la demande =>augmentation de la production = croissance économique.
III. Une clef de la croissance endogène
Selon la théorie de la croissance endogène, les excédents permis par le progrès technique sont réinvestis dans la recherche et développement (R&D) qui permet d’avoir du progrès technique qui apporte de nouveau de la croissance…
Les excédents peuvent aussi permettre une augmentation du capital humain (capacités et compétences des travailleurs) => augmentation de la productivité du facteur travail + augmentation de la capacité d’innovation = croissance économique.
R&D d’autant plus importante que le progrès technique est auto-fécond = une innovation permet une multitude d’inventions et d’applications doc. 3. Exemple de la machine à vapeur qui a eu de multiples applications. Or, progrès technique => croissance économique => hausse des prélèvements obligatoires => augmentation de la capacité de l’Etat à investir dans la recherche fondamentale (= recherche théorique qui n’est pas assurée par les agents économiques privés car elle nécessite des investissements qui ne seront rentables qu’à long-terme).
Conclusion : Le progrès technique est donc un moteur de la croissance économique contemporaine. Il agit de plus sur l’offre et la demande et permet ainsi une augmentation de la production. Enfin, il est le lien entre les bénéfices issus de la production actuelle et la production future qu’il rendra plus rentable en baissant les coûts de production. Ainsi, on pourrait se demande si les Trente Glorieuses n’ont pas poussé au bout cette logique d’entretien de la croissance future par le progrès technique, si bien que la faiblesse relative des progrès actuels ne serait plus à même de soutenir une croissance assez importante pour assurer le plein-emploi.