Cours La question de grammaire (roman)

Exercice - Grammaire pour l'oral : La Princesse de Clèves, La Fayette

L'énoncé

Prendre connaissance du texte et répondre aux questions suivantes qui permettent de préparer la question de grammaire pour l'oral du bac de français.

 

Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, première partie, scène du bal, 1678

Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté, que, lorsqu'il fut proche d'elle, et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi et les reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini, sans leur donner le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point.

- Pour moi, Madame, dit monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude ; mais comme madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la reconnaître, je voudrais bien que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom.

- Je crois, dit madame la dauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien.

- Je vous assure, Madame, reprit madame de Clèves, qui paraissait un peu embarrassée, que je ne devine pas si bien que vous pensez.

- Vous devinez fort bien, répondit madame la dauphine ; et il y a même quelque chose d'obligeant pour monsieur de Nemours, à ne vouloir pas avouer que vous le connaissez sans l'avoir jamais vu.

La reine les interrompit pour faire continuer le bal ; monsieur de Nemours prit la reine dauphine. Cette princesse était d'une parfaite beauté, et avait paru telle aux yeux de monsieur de Nemours, avant qu'il allât en Flandre ; mais de tout le soir, il ne put admirer que madame de Clèves.


Question 1

« Cette princesse était d'une parfaite beauté, et avait paru telle aux yeux de monsieur de Nemours » : transformer cette phrase de manière à obtenir une proposition principale et une proposition subordonnée circonstancielle ; identifier la proposition subordonnée ; expliquer les transformations opérées.

Explication de la règle

La conjonction de subordination qui articule deux propositions exprime un sens. Il faut donc partir du sens exprimé dans les propositions d’origine pour trouver la conjonction qui convient. Par ailleurs, ce sens détermine également le type de complément circonstanciel qui va être utilisé : ici, la conjonction de subordination « aussi…que » introduit une comparaison ; elle va donc permettre de construire un complément circonstanciel de comparaison.

 

Corrigé

Cette phrase est une phrase complexe qui comporte deux propositions car deux verbes conjugués (« était », « avait paru »). Ces deux propositions sont coordonnées par la conjonction de coordination « et ».

Pour la transformer en phrase complexe faite d’une proposition principale et d’une proposition subordonnée circonstancielle, nous devons comprendre ce qui relie les deux propositions coordonnées en terme de sens. En l’occurrence, la Princesse est belle et le duc de Nemours la voit effectivement comme cela. Nous allons donc construire une phrase avec une comparaison de type « autant que », « de même que », « aussi que » pour indiquer la coïncidence entre la réalité et la perception qu’en a le duc de Nemours.

Nous allons donc construire une proposition principale qui reprend la deuxième proposition coordonnée : « Cette Princesse paraissait d’une parfaite beauté à monsieur de Nemours ». Nous y ajoutons ensuite la proposition subordonnée grâce à la conjonction de subordination « aussi que » : « Cette Princesse paraissait d’une aussi parfaite beauté à monsieur de Nemours qu’elle l’était en réalité. » Pour pouvoir rendre la phrase compréhensible, nous sommes obligés d’ajouter la locution prépositionnelle « en réalité ».

Nous sommes donc partis du sens de cette phrase pour pouvoir construire une proposition principale et une proposition subordonnée. Cette subordonnée est complément circonstancielle de comparaison : la conjonction « aussi que » introduit en effet une comparaison.

Il n’est pas toujours facile de transformer une phrase avec des propositions coordonnées ou juxtaposées en phrase avec une proposition principale et une proposition subordonnée ! Ce qui est sûr, c’est qu’il faut que l’une des propositions d’origine devienne la proposition principale et l’autre la proposition subordonnée. Il faut donc essayer l’une puis avec l’autre dans chacun des deux rôles ! Et on commence par chercher la proposition principale avant de chercher la proposition subordonnée car c’est la proposition principale qui porte le sens central de la phrase.

Question 2

Etudier la négation dans : « Le roi et les reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. »

Explication de la règle

La négation totale porte sur l’ensemble de la phrase ; on l’exprime avec les termes « ne… pas », « ne….. plus », « ne… jamais ». La négation partielle porte sur un élément seulement de la phrase ; on l’exprime avec les termes « ne… pas…. mais » mais peut aussi être exprimée par « ne… pas » ; tout dépend du sens de la phrase.

La négation exceptive est celle qui restreint l’affirmation à un seul élément ; on l’exprime par les termes « ne… que ».

 

Corrigé

Dans cette phrase, la négation est d’abord exprimée par les termes « ne…jamais ».

« Jamais » est un adverbe de temps négatif. C’est le forclusif de « ne » ; il ferme le mouvement de la négation.

La négation « ne… jamais » porte sur la rencontre de la Princesse de Clèves et du duc de Nemours. Il s’agit d’une négation totale ; elle porte sur le verbe « voir », ici utilisé à la voix pronominale « se voir ». Le pronom personnel réfléchi « se » y a une valeur réciproque puisque la Princesse et le duc se voient l’un l’autre.

On peut ajouter qu’une autre négation est exprimée, non plus de manière syntaxique mais de manière sémantique : la préposition « sans » a un sens négatif. Elle introduit le groupe infinitif « sans se connaître », qui a la fonction de complément circonstanciel de manière du verbe « danser ».

Nous avons donc deux négations dans ce texte : l’une est syntaxique, l’autre est sémantique.

Pour étudier la négation, il ne faut pas forcément s’en tenir aux mots « ne…pas », etc. La négation ne réside en effet pas seulement dans la construction des phrases (la syntaxe) : elle se trouve aussi dans le sens des mots ! L’emploi d’antonymes, qui peuvent être construits par l’ajout d’un préfixe négatif à un adjectif ou à un substantif, relève aussi de la négation.

Question 3

Quels sont les compléments circonstanciels dans « Ils les appelèrent quand ils eurent fini, sans leur donner le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point. » ?

Explication de la règle

Un complément circonstanciel est un complément du verbe conjugué. Il donne une précision sur le temps, le lieu, la manière de faire l’action, son but, sa conséquence, sa cause ou encore ce par quoi l’action est accompagnée. Il peut être exprimé par un adverbe (ex : hier), un groupe infinitif (ex : pour arriver), un groupe nominal (ex : pour son ami), une proposition subordonnée complétive (ex : parce qu’il est content). Il peut être supprimé de la phrase sans que celle-ci soit incorrecte pour autant.

 

Corrigé

Cette phrase est une phrase complexe qui comporte deux compléments circonstanciels.

Le premier complément circonstanciel est un CC de temps. Il est exprimé par « quand ils eurent fini », qui est une proposition subordonnée complétive introduite par la conjonction de subordination « quand ». Le verbe complété par ce CC est le verbe « appelèrent ».

Le deuxième complément circonstanciel est un CC de manière. Il est exprimé par « sans leur donner le loisir de parler à personne », qui est un groupe infinitif introduit par la préposition « sans ». Le verbe complété par ce CC est aussi le verbe « appelèrent ».

Les autres propositions subordonnées de cette phrase, « s’il n’avaient pas bien envie de savoir », « qui ils étaient » et « s’ils ne s’en doutaient point » sont des interrogatives indirectes pour celles commençant par « si » et une relative pour celle commençant par « qui ».

Pour identifier le sens d’un complément circonstanciel et savoir s’il indique le moyen, la cause, la conséquence etc., on essaie de trouver la question à laquelle il répond. S’il répond à la question « pourquoi ? », il s’agit d’un CC de cause. S’il répond à la question « pour faire quoi ? », il s’agit d’un CC de but. S’il répond à la question « avec quel résultat ? », il s’agit d’un CC de conséquence.

Question 4

Quelle est la valeur aspectuelle du temps employé pour les verbes de la phrase suivante ?

« Quand ils commencèrent à danser, il s’éleva dans la salle un murmure de louanges »

Explication de la règle

La valeur aspectuelle d’un verbe dépend du temps auquel il est employé. On distingue en effet les temps simples et les temps composés : les temps simples sont ceux qui se conjuguent avec un mot (le verbe), les temps composés sont ceux qui se conjuguent avec deux mots (l’auxiliaire et le verbe au participe passé).

Les temps simples expriment l’aspect inaccompli d’une action : ils désignent une action en train de se faire. Les temps composés expriment l’aspect accompli d’une action : ils désignent une action qui est achevée, totalement terminée.

 

Corrigé

Dans cette phrase, on relève deux verbes conjugués.

Le premier est le verbe « commencer » à la troisième personne du singulier et au passé simple de l’indicatif.

Le deuxième est le verbe « élever » ; il est aussi à la troisième personne du singulier et au passé simple de l’indicatif.

La question se pose donc de savoir quelle est la valeur aspectuelle du passé simple de l’indicatif. Il s’agit d’un temps simple car il n’emploie pas d’auxiliaire. Il désigne donc une action en train de se faire, même si c’est ici dans un temps passé. On peut donc parler d’aspect inaccompli pour ces actions de commencer à danser et d’un bruit qui s’élève dans la salle.

De manière générale, le passé simple est un temps du récit au passé avec l’imparfait de l’indicatif. Il exprime les actions brèves ou soudaines qui se détachent de l’habitude ou des actions longues ou d’arrière-plan, qui sont elles exprimées par l’imparfait de l’indicatif. Le passé simple montre ici la survenue d’un événement exceptionnel qui tranche avec le quotidien.

Pour commenter l’aspect d’un verbe, il faut regarder à quel temps il est conjugué : est-ce un temps simple ou composé ? Pour compléter sa réponse, on peut ajouter une remarque sur les temps du récit en conclusion : est-ce un récit au passé ou au présent ? Si c’est un récit au passé, les principaux temps utilisés seront le passé simple et l’imparfait de l’indicatif. Si c’est un récit au présent, les principaux temps utilisés seront le présent et le passé composé de l’indicatif.