Cours Tragédie, comédie, tragi-comédie

Exercice - Théâtre tragique

L'énoncé


Question 1

Rappeler quelles sont les trois grandes périodes du théâtre tragique.

L’Antiquité, la Renaissance et le classicisme et enfin la période contemporaine.

 

Question 2

Quel est le lien entre ces trois périodes ?

Chacune s’est construite en s’inspirant de la précédente et en la renouvelant.

Question 3

Analyser rapidement le tragique dans cet extrait d’Antigone de Jean Anouilh :

Créon
[...] Marie-toi vite, Antigone, sois heureuse. La vie n'est pas ce que tu crois. C'est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-là. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu'on grignote, assis au soleil. Ils te diront tous le contraire parce qu'ils ont besoin de ta force et de ton élan. Ne les écoute pas. Ne m'écoute pas quand je ferai mon prochain discours devant le tombeau d'Etéocle. Ce ne sera pas vrai. Rien n'est vrai que ce qu'on ne dit pas... Tu l'apprendras toi aussi, trop tard, la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. Tu vas me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c'est la consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n'est peut-être tout de même que le bonheur.

Antigone, murmure, le regard perdu.
Le bonheur...

Créon a un peu honte soudain.
Un pauvre mot, hein ?

Antigone, doucement.
Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu'elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur ? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre ? Qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ?

Créon, hausse les épaules.
Tu es folle, tais-toi.

Antigone.
Non, je ne me tairais pas ! Je veux savoir comment je m'y prendrai, moi aussi, pour être heureuse. Tout de suite, puisque c'est tout de suite qu'il faut choisir. Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre

Créon
Tu aimes Hémon ?

Antigone
Oui, j’aime Hémon. J’aime un Hémon dur et jeune ; un Hémon exigeant et fidèle, comme moi. Mais si votre vie, votre bonheur doivent passer sur lui avec leur usure, si Hémon ne doit plus pâlir quand je pâlis, s’il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, s’il ne doit plus se sentir seul au monde et me détester quand je ris sans qu’il sache pourquoi, s’il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s’il doit apprendre à dire « oui », lui aussi, alors je n’aime plus Hémon !

Créon
Tu ne sais plus ce que tu dis. Tais-toi.

Antigone
Si, je sais ce que je dis, mais c’est vous qui ne m’entendez plus. Je vous parle de trop loin maintenant, d’un royaume où vous ne pouvez plus entrer, avec vos rides, votre sagesse, votre ventre. (Elle rit). Ah ! je ris, Créon, je ris parce que je te vois à quinze ans, tout d’un coup ! C’est le même air d’impuissance et de croire qu’on peut tout. La vie t’a seulement ajouté tous ces petits plis sur le visage et cette graisse autour de toi.

Créon, la secoue
Te tairas-tu, enfin ?

Antigone
Pourquoi veux-tu me faire taire ? Parce que tu sais que j’ai raison ? Tu crois que je ne lis pas dans les yeux que tu le sais ? Tu sais que j’ai raison, mais tu ne l’avoueras jamais parce que tu es en train de défendre ton bonheur en ce moment comme un os.

Créon
Le tien et le mien, oui, imbécile !

Antigone
Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n’est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, – et que ce soit entier – ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite – ou mourir.

 

Dans cet extrait d'Antigone, le roi Créon et Antigone sont seuls sur scène, Antigone tente de l’affronter alors que ce dernier montre son autorité : "Tais-toi".

Antigone se rebelle, elle n'accepte pas de se taire, ni de se battre pour un morceau de bonheur éphémère et c'est la le tragique de la situation : elle préfère la mort que l'acceptation d'une situation qui ne lui donne pas entière satisfaction. On le voit dans le dernière réplique : "Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite – ou mourir."

Question 4

De quelle pièce antique s’inspire la tragédie Antigone de Jean Anouilh ?

Cette pièce s’inspire de la tragédie du même nom de Sophocle.

 

Question 5

Qu’est-ce que révèle le personnage d’Antigone ?

Antigone est caractérisée par sa force de caractère et ses convictions. Selon elle, la justice dépasse les règles, elle fait preuve de résistance et se bat pour une justice supérieure à celle établie par les hommes d’états et les chefs de guerre. Dans cet extrait, elle hausse le ton fasse à Créon et lui répond avec pugnacité.

Qu'est-ce qui fait sa force.

Question 6

La règle de bienséance est-elle respectée ?

Oui, la règle selon laquelle rien ne doit choquer le spectateur est respectée dans cet extrait. Autrement dit, il n’y a pas d’excès de violence, ni de présence de sang sur scène.