Cours Le récit de voyage

Exercice - Voyage au Congo, Gide

L'énoncé

Extrait de Voyage au Congo d'André Gide, 1927.

[André Gide effectue un voyage en ce qui était alors l'Afrique équatoriale française (colonies françaises) et remonte en bateau le fleuve Congo. Il tient pendant son voyage un journal. Il arrive dans cet extrait à Brazzaville].

Étrange pays, où l’on n’a pas si chaud que l’on transpire.

À chasser les insectes inconnus, je retrouve des joies d’enfant. Je ne me suis pas encore consolé d’avoir laissé échapper un beau longicorne vert pré, aux élytres damasquinés, zébrés, couverts de vermiculures plus foncées ou plus pâles ; de la dimension d’un bupreste, la tête très large, armée de mandibules-tenailles. Je le rapportais d’assez loin, le tenant par le corselet, entre pouce et index ; sur le point d’entrer dans le flacon de cyanure, il m’échappe et s’envole aussitôt.

Je m’empare de quelques beaux papillons porte-queue, jaune soufré maculés de noir, très communs ; et d’un autre un peu moins fréquent, semblable au machaon, mais plus grand, jaune zébré de noir (que j’avais vu au Jardin d’Essai de Dakar).

Ce matin, nous sommes retournés au confluent du Congo et du Djoué, à six kilomètres environ de Brazzaville. (Nous y avions été hier au coucher du soleil.) Petit village de pêcheurs. Bizarre lit de rivière à sec, tracé par une incompréhensible accumulation de « boulders » presque noirs ; on dirait la morène d’un glacier. Nous bondissons de l’une à l’autre de ces roches arrondies, jusqu’aux bords du Congo. Petit sentier, presque au bord du fleuve ; crique ombragée, où une grande pirogue est amarrée. Papillons en grand nombre et très variés ; mais je n’ai qu’un filet sans manche et laisse partir les plus beaux. Nous gagnons une partie plus boisée, tout au bord de l’affluent, dont les eaux sont sensiblement plus limpides. Un fromager énorme, au monstrueux empattement, que l’on contourne ; de dessous le tronc, jaillit une source. Près du fromager, un amorphophallus violet pourpré, sur une tige épineuse de plus d’un mètre. Je déchire la fleur et trouve, à la base du pistil, un grouillement de petits asticots. Quelques arbres, auxquels les indigènes ont mis le feu, se consument lentement par la base.

J’écris ceci dans le petit jardin de la très agréable case que M. Alfassa, le Gouverneur général intérimaire, a mis à notre disposition. La nuit est tiède ; pas un souffle. Un incessant concert de grillons et, formant fond, de grenouilles.


Question 1

Quel est le mode d’énonciation employé dans cet extrait ?

L’énonciation ici se fait essentiellement à la première personne du singulier, André Gide utilise le « je » puisqu’il parle de son expérience personnelle.

L’énonciation c’est « qui parle à qui ».

Question 2

Quels sont les temps employés ? Qu’est-ce que cela signifie ?

Les temps employés sont le présent de l’indicatif : « je m’empare », « nous bondissons », « je déchire », « se consument », « j’écris »,… ; et le passé composé : « je ne me suis pas encore consolé », « nous sommes retournés »,…

Ainsi, le récit est ici raconté au présent, l’auteur écrit comme s'il était en train de faire l’action et en train de découvrir l’ensemble de ces éléments.

Question 3

Relever les indications spatio-temporelles.

Les indications spatiales sont : « à six kilomètres environ de Brazzaville », « aux bords du Congo », « au bord du fleuve », « depuis la case ».

Les indications temporelles sont : "ce matin", "hier au coucher du soleil", « la nuit ».

Les indications spatio-temporelles sont les indications relatives à l'espace et au temps, importantes dans les récits de voyage.

Question 4

Comment s'expriment l'étonnement et la surprise du voyageur dans cet extrait ?

L’étonnement et la surprise sont manifestés par le vocabulaire de l’étrangeté, tel que « étrange pays », « bizarre », « incompréhensible ». Afin de décrire ce qu’il ne connaît pas, l’auteur emploie alors plusieurs comparaisons pour rattacher cet inconnu à des éléments connus : « semblable au machaon » « on dirait la morène d’un glacier ».

Cet étonnement se traduit de plus par la description longue et précise de la faune – par exemple « un beau longicorne vert pré, aux élytres damasquinés, zébrés, couverts de vermiculures plus foncées ou plus pâles » – et du paysage – par exemple « bizarre lit de rivière à sec, tracé par une incompréhensible accumulation de « boulders » presque noirs ».

Il faut regarder les vocabulaires employés.


Il faut également s'attacher aux descriptions qu'effectuent André Gide. Ces descriptions sont-elles longues, courtes ?